Rencontres d’histoire des sciences de Bordeaux :
Séminaire du programme « Hybridations savantes », organisé par V. Giacomotto-Charra et P. Duris, en collaboration avec l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Bordeaux.
Les séances ont lieu à l’Académie, dans l’hôtel des Sociétés savantes, 1 place Bardineau, Bordeaux.
Elles sont destinées et ouvertes à tous.
Mercredi 27 novembre 2019, 18h-19h30 : Sabine Rommevaux-Tani (Directrice de recherche au CNRS, historienne des mathématiques): « Un exemple d’enseignement humaniste des mathématiques au travers des ouvrages de Conrad Dasypodius, professeur au Gymnasium de Strasbourg, dans la seconde moitié du XVIe siècle. »
En 1538, à Strasbourg, l’humaniste protestant Jean Sturm crée le Gymnasium, école destinée aux jeunes gens de 7 à 17 ans. L’école connaît rapidement le succès et devient une Académie en 1566, pouvant alors décerner les diplômes de bachelier et de licence. Plus tard, en 1621, l’Académie est promue au rang d’université et forme les docteurs. Entre 1538 et 1621, l’organisation des études change peu. Elle est codifiée dans un texte rédigé par Sturm dès l’ouverture de l’école. Les cours sont dispensés sur dix années ; sont enseignés essentiellement le latin et le grec, la rhétorique et la dialectique, en vue de former des orateurs. Les sciences ne sont pas absentes.
Ainsi, Conrad Dasypodius, formé à l’école par Christian Herlin, y enseigne l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie et la géographie, de 1558 jusqu’à sa mort. Les préfaces de ses différents ouvrages, dans lesquelles il décrit quel était l’enseignement au Gymnasium, nous fournit de précieux renseignements sur les curriculums et le but des enseignements dispensés à l’école. Nous verrons ainsi que sa conception de l’enseignement des mathématiques varie tout au long de sa carrière, mais que le but reste le même : permettre aux jeunes gens d’avoir en main, lors des débats publics, tous les éléments nécessaires à la compréhension des textes les plus difficiles, dans tous les domaines.
Mercredi 11 décembre 2019, 18h-19h30 : Myriam Marrache-Gouraud (Université de Bretagne Occidentale): « Apprendre en regardant: usages savants du cabinet de curiosités ».
Le cabinet de curiosités, dans ses premières manifestations au XVIe siècle, et par la suite lors de sa consécration au XVIIe siècle, tire sa légitimité des usages savants qui en sont faits. La conférence se proposera de détailler ces usages à l’aide d’exemples précis tirés de l’Europe entière, non sans s’interroger sur le rôle du catalogue dans un tel dispositif de mise en scène du savoir.