MANIFESTATIONS 2019
Deuxième atelier de recherche « Les enfants dans les affrontements religieux », automne 2019
À l’heure où l’on s’interroge sur l’engagement des jeunes dans les violences religieuses contemporaines, ces rencontres se proposent d’éclairer les modalités d’implication des enfants dans les affrontements religieux qui ont déchiré l’Europe entre 1520 et 1640 environ. La dimension religieuse de ces conflits leur a conféré des traits spécifiques : conquête des âmes, développement de moyens de contrôle social, fabrication d’identités collectives opposées… Dans ce contexte, les enfants sont à la fois acteurs de la violence (soldats, massacreurs, iconoclastes), victimes (martyrs, convertis de force etc.) mais aussi militants : à travers l’éducation, le catéchisme, ou encore les chansons, les moyens de les mobiliser ont été multiples et relativement efficaces.
Cette deuxième série de conférences se propose d’élargir la réflexion à la fois dans l’espace, en considérant les affrontements religieux dans leur dimension européenne, mais aussi dans le temps, en ouvrant l’étude au premier XVIIe siècle pour s’interroger sur la mémoire que gardent de leur enfance ceux qui ont grandi au milieu des conflits religieux.
Les séances ont lieu à 18h, au Musée d’Aquitaine :
– Mercredi 6 novembre 2019: Jean-Pierre Van Elslande (Université de Neuchâtel), « Enfances vécues, enfances racontées : histoire et littérature (XVIe-XVIIe siècles) ».
– Mercredi 13 novembre 2019: Yves Krumenacker (Université Jean Moulin Lyon III), « Protestantisme et éducation militante dans la France des affrontements religieux (XVIe-XVIIe siècles) ».
– Mercredi 11 décembre: Isabelle Poutrin (Université de Reims Champagne Ardenne), « Les enfants des morisques: débats et pratiques (Espagne, 1491-1614) ». de la première modernité ».
Journée d’étude sur le programme d’agrégation: Robert Garnier, Hippolyte, La Troade
Université Bordeaux Montaigne, salle des Thèses, 13h30-17h30
– Céline Fournial : « Hippolyte et La Troade: d’une réécriture à l’autre, ou l’évolution du modèle tragique français ».
– Sylvain Garnier : « L’adaptation d’une forme lyrique antique : le kommos dans Hippolyte et La Troade de Garnier »
– Nina Hugot : « La ruse dans Hippolyte et La Troade« .
La demi-journée sera filmée et mise en ligne pour profiter à tous les agrégatifs (et aux amateurs de théâtre humaniste!)
« Représenter / se représenter Montaigne », 10.05.2019
En 2014, au terme de la réfection de la Salle des Pas Perdus de la cour d’appel de Bordeaux, un portrait sculpté de Montaigne est venu faire face à celui de Montesquieu, que Nicolas Raggi avait installé lors de la construction du Palais de justice de Bordeaux. Œuvre de l’artiste bordelais Nicolas Milhé, cette sculpture contemporaine, volontairement anachronique, donne une image décalée et interroge le personnage de Montaigne.
Comment représenter Montaigne et comment se le représente-t-on aujourd’hui ? Quelle place occupe-t-il dans l’imaginaire contemporain et, en particulier, dans la mémoire bordelaise ? Dans quelle mesure son œuvre peut-elle nous toucher et s’ancrer dans notre époque ? «Je ne peins pas l’être, je peins le passage», rappelle l’inscription gravée sur le socle de la statue, que l’artiste a tirée des Essais de Montaigne et qui invite à envisager la contemporanéité de cette figure de la Renaissance.
Dans le cadre du Moi(s) Montaigne organisé par l’Université Bordeaux Montaigne du 2 au 31 mai 2019, le Centre Montaigne, associé au CEDRE (Université Paris Sciences et Lettres), à l’équipe TELEM et au CEMMC, a convié le public à une discussion autour de cette œuvre singulière, dont l’histoire et les résonances contemporaines ont étéprésentées par l’artiste Nicolas Milhé (École des Beaux-Arts de Bordeaux) et mises en perspective par Olivier Christin, professeur à l’Université de Neuchâtel, directeur du CEDRE et spécialiste d’histoire culturelle du XVIe siècle, et Géraldine Cazals, professeure à l’Université de Rouen et spécialiste d’histoire du droit.
Cette table-ronde, destinée à un large public, a été organisée avec le soutien de la cour d’appel et de la Mairie de Bordeaux.
La rencontre a été filmée par la librairie Mollat, la vidéo sera bientôt disponible.
Ateliers de recherche « Les enfants dans les affrontements religieux de la première modernité », 1er semestre 2019
Quatre séances d’atelier de recherche sont organisées au Musée d’Aquitaine au premier semestre 2019 (cofinancées par le CEMMC, le Centre Montaigne et le Musée d’Aquitaine).
Il s’agit d’y interroger la question de l’enfance en situation de conflits religieux, thème qui n’a été que peu abordé dans les recherches consacrées à la première modernité et qui permettra d’explorer, par une autre voie, le champ des conflits religieux en continuel renouvellement depuis les années 1990.
– 30 janvier 2019 : Jérémie Foa (Université d’Aix-Marseille – UMR Telemme), « Les enfants du massacre. La place des enfants dans les violences de la Saint-Barthélemy (1572) ».
-20 février 2019 : Florence Buttay (Université Bordeaux Montaigne, CEMMC) et Charlotte Girout (Université Bordeaux Montaigne, SPH – TELEM), « Éduquer les enfants dans la France des guerres de Religion ».
– 20 mars 2019 : David El Kenz (Université de Bourgogne, Centre Georges Chevrier), « Les enfants martyrs au temps des guerres de Religion ».
– 10 avril 2019 : Nathalie Szczech (Université Bordeaux Montaigne, CEMMC), « Apprendre à lire, apprendre à croire.Les manuels d’instruction réformés et la mobilisation des enfants dans les affrontements religieux du XVIe siècle ».
Journée « La figure du sage ignorant », 28.03.2019.
Journée organisée par J.F Dupeyron et F. Lins, avec le concours de V. Giacomotto-Charra
Dans l’ « Apologie de Raymond Sebond », Montaigne s’insurge de manière détaillée et assez explicite contre toute forme de dogmatisme : « La peste de l’homme, dit-il, c’est l’opinion de savoir » (II, 12). Ce refus des certitudes acquises a pour corollaire la mise en œuvre d’un type de savoir, ou plutôt, de savoir-vivre fortement lié au concept d’ignorance. En nous présentant plusieurs figures emblématiques de l’ignorance tout au long des Essais, Montaigne souligne à maintes reprises l’admiration qu’il porte à des personnages tels que Socrate, les humbles paysans de son temps et les Indiens d’Amérique. Le plus souvent perçu comme un des hommes les plus lettrés de son siècle, il semble à première vue paradoxal que Montaigne valorise la sagesse de personnes habituellement taxées d’ignorance, c’est-à-dire les « honnêtes gens », dits “simples et grossiers” et assurément, étrangers au cercle restreint des « fines gens », humanistes érudits et membres notoires de l’élite intellectuelle de son temps. L’affirmation des figures paradoxales du »sage-ignorant » peut en ce sens soulever de nombreuses questions.
Doté d’une des bibliothèques les plus fournies de son siècle, Montaigne serait-il, en effet, foncièrement anti-intellectuel? Ou bien, sa préférence affichée pour les « sage-ignorants » traduirait-elle une simple nostalgie d’une forme de naturalisme hellénistique? Quels rapports l’auteur des Essais établit-il entre savoir et ignorer? Confère-t-il un statut épistémologique à l’ignorance? Dans quelle mesure peut-on parler de ce que l’on méconnaît, doit-on discourir à propos de ce que l’on ignore? Une parole philosophique qui assume son ignorance gagnerait-elle, selon Montaigne, en véridicité? S’agit-il avant tout d’être ignorant, ou de se reconnaître comme tel? Montaigne distingue-t-il l’ignorance de la bêtise? La « simplicité » des paysans et le « naturalisme » des Indiens d’Amérique, tels que Montaigne les décrit, équivaudraient-ils à l’ « inscience » socratique et à la « docte ignorance » cuséenne? En quelle mesure le « savoir-ignorant » que Montaigne semble appeler de ses voeux serait-il utile ou salutaire? Quels effets, en somme, pourrait avoir l’assomption de l’ignorance sur l’interlocuteur ou le lecteur?
Avec les interventions de :
• Sylvia Giocanti (Université Toulouse Jean Jaurès – PLH) : « Le sage sur le mol oreiller de l’ignorance »
• Fabien Lins (Universidade de Campinas – São Paulo – SPH) : « Simplicité et docte ignorance chez Montaigne »
• Stéphanie Péraud-Puigségur (Université de Bordeaux – Sophiapol, U. de Nanterre) : « Un sage ignorant qui ‘desenseigne la sottise’ : à l’école paradoxale des Essais de Michel de Montaigne »
• Alice Vintenon (Université Bordeaux Montaigne, TELEM – Centre Montaigne) : « Montaigne et la tradition des paradoxes contre les lettres ».
Journée « Construire, accumuler, et diffuser les savoirs à l’époque moderne », 7 mars 2019
Avec la Renaissance émergent à la fois le livre imprimé, l’image reproductible et de nouveaux lieux de savoirs et /ou de collection (jardin botanique, théâtre d’anatomie, observatoire astronomique, cabinets de curiosité). Or on observe une étroite interaction entre organisation des lieux de savoirs, mise en forme du texte, rôle de l’image et pratiques éditoriales : certains lieux, comme le théâtre d’anatomie, sont pensés et décrits dans les textes avant d’être effectivement construits alors que le jardin botanique ou le théâtre donnent en retour naissance à des pratiques scientifiques qui elles-mêmes nourrissent les illustrations qui accompagnent les textes, illustrations dont le rôle est souvent conçu comme mémoire d’un geste ou d’un lieu. Parallèlement, les genres littéraires ou épistémiques comme les mises en recueil référant au statut d’un objet naturel ou artificiel, à une pratique ou à un lieu (jardin, théâtre, observations, singularités, conseils, etc.) se multiplient et parfois se croisent (Observations de singularités, par exemple), développant leur ordre et leur mode d’écriture propres.
Dans le cadre d’une réflexion d’ensemble sur la structuration des savoirs, leur mode de classement et de diffusion en synchronie comme en diachronie, la journée d’étude a pour but d’étudier les différentes formes de construction, d’accumulation et de circulation des savoirs à l’époque moderne, formes aussi bien matérielles (développement des collections et des cabinets de curiosité, par exemple) que textuelles (en particulier les formes de l’encyclopédisme, médical, philosophique, scientifique… ; le développement et l’évolution du genre de la somme, botanique et zoologique) ou éditoriales, et si possible de dégager la signification des interactions entre ordre des choses, ordre des textes et ordre des livres.
L’ouverture diachronique (du xvie au xviiie siècle) et disciplinaire (techniques et Belles-Lettres, peinture, architecture, savants professionnels et amateurs) vise à permettre d’analyser les conditions épistémologiques, culturelles et symboliques de diffusion et de matérialisation des savoirs et leur évolution au fil du temps. De nouveaux lieux de savoirs émergent-ils et influencent-ils la forme des textes et / ou des livres ? Textes et livres influent-ils en retour sur la manière de penser l’espace ? Que veut dire « circulation » des savoirs? Entre auteurs et lecteurs? Entre plusieurs lectorats ou auditoires ? Entre plusieurs formes du savoir ? Toutes les communications permettant de mieux conceptualiser les liens entre lieux, textes et livres, les notions de structuration et de circulation du savoir, l’organisation des espaces de réception du savoir sont particulièrement les bienvenues.
7 mars 2019, 10h-174h, Espace Pierre Mendès France, Poitiers. Org. : D. Moncond’huy et G. Farrugia (U. de Poitiers), V. Giacomotto-Charra (UBM), P. Duris (UB) et H. Morel, Espace Pierre Mendès France.
Programme :
Introduction : Violaine Giacomotto-Charra (Université Bordeaux Montaigne). Lisez le texte de l’introduction dans les Carnets (carnet 1)
– Anne Réach Ngo (Université de Haute-Alsace, Institut Universitaire de France) : « Thresor historiques et géographiques de la Renaissance, compiler des savoirs pour quels usages? »
– Fabrice Chassot (Université Toulouse Jean-Jaurès) : « Converser, conserver : distribuer et diffuser les savoirs sous forme de dialogue »
– Myriam Marrache (Université de Bretagne Occidentale) : « De Gesner à Platter, le compilateur et l’anatomiste »
– Marine Parra (Université de Haute-Alsace) « Jardins de lettres et jardins de feuilles. Du poète au tulipier, de l’encyclopédiste à l’apothicaire ».
– Aurélia Gaillard (Université Bordeaux Montaigne) : « Les labyrinthes de verdure de la fin du XVIIe siècle à la Révolution française : cartographie d’un espace imaginaire ».
– Guilhem Farrugia (Université de Poitiers) : « Circulation et construction de la notion de paysage au tournant des Lumières « .
Conclusions : Dominique Moncond’huy et Pierre Martin (Université de Poitiers)
Écoutez le podcast de la journée : https://emf.fr/ec3_event/construire-accumuler-et-diffuser-les-savoirs-a-lepoque-moderne/